Quelques dates de 1840 à 1930
La classe gratuite pour les demoiselles indigentes prévue aux Capucins pour 25 élèves en reçoit habituellement 140 car les habitants prétendent ne pouvoir payer. Les dames du St Nom de Jésus sont subventionnées afin qu’elles puissent affecter une grande salle à ces élèves.
Selon les chemins de fer du Midi, la section de ligne de voie ferrée Toulouse à Montréjeau a été ouverte à la circulation le 9 juin 1862 pour les voyageurs sur toute la section et pour les marchandises de Toulouse à Cazères et le 24 juin de Cazères à Montréjeau pour les marchandises.
Une école laïque est créée et installée au deuxième étage de la mairie.
Le bureau du télégraphe relié à TOULOUSE est logé dans une maison contiguë à l’église.
Des pluies torrentielles les 23 et 24 juin provoquent une crue de la GARONNE et une inondation qui emporte quatre arches sur les six du pont. L’eau recouvre la base et les berges de l’ HOURRIDE. Les dégats sont importants. Les secours s’organisent. Un pont de bateau provisoire est installé par les pontonniers de l’armée. Il restera en service plusieurs années. Le péage est de 0.05 F pour les personnes. Le pont sera reconstruit en 1877 avec cinq arches seulement. Le cimetière est clôturé par un mur. Un portail de pierre sera construit quatre ans plus tard et un dépositoire en 1927. Six reverbères nouveaux sont installés dont un à la base pour remplacer celui emporté par l’inondation, un au chemin de la briqueterie, un à l’angle du chemin de la gare.
Un pont de pierre sur l’HOURRIDE remplace la passerelle. Afin d’irriguer les champs, un réseau de rigoles secondaires du canal de St MARTORY est creusé.
L’école laïque installée à la mairie reçoit maintenant 71 élèves. Un adjoint est nommé car le nombre d’élèves ne doit pas dépasser 50 par classes. En novembre 1879 : 118 élèves et un deuxième adjoint est affecté, en novembre 1881 :178 élèves, un troisième adjoint est désigné. Les salles de classes nécessaires sont aménagées à l’étage. Des acacias sont plantés sur les places de la commune et même sur le boulevard où les jours de foire les rangs serrés de bœufs et de vaches créent un encombrement tel qu’acheteurs et vendeurs ont de la peine à circuler. En 1884 des grillent protégeront les arbres. Les fêtes, (fête locale et fête nationale) sont dorénavant organisées par un groupe de jeunes qui reçoit une subvention du Conseil Municipal, représenté par une commission, et est aidé par deux sociétés de musique, la Sté Cécile, la Lyre Harmonique. Les fêtes coûteront 1500 F et 500 F. Un peuplier de la liberté est planté devant la fontaine de la place Lafayette, près du Café Daniel.
Le bureau de la poste et celui du télégraphe sont fusionnés et installés au centre de la commune dans la maison Bergès. Pour paver la grande rue, le pavé ordinaire sera remplacé par du caillou taillé à l’alsacienne, qui vaut 8 F le m3.
Les deux fenêtres du premier étage de la mairie sont agrandies et reliés par un balcon en pierre taillée de Beaucaire. Après réparation de l’abattoir qui était en mauvais état, une grande salle, avec galerie intérieure, qui servira pour le spectacle et le théâtre est construite au dessus. Une scène et des loges seront ajoutées en 1885. CAZERES qui compte 2700 habitants continue à être un bourg commerçant et agricole. Il existe deux maisons de commerce réputées pour les conserves de foies d’oies, de gibier, petits pois et champignons, une brasserie de bière, trois tanneries de cuir, une marbrerie, une filature de laine avec en annexe une teinturerie sur la Garonne, des ateliers de construction de péniches à destination de TOULOUSE et que l’on lance au port, une fabrique de cierges et de bougies à la stéarine, un moulin à farine à Darbon, plusieurs scieries mécaniques de bois de construction et de menuiseries ; des cordiers, douze foires renommées pour les bêtes de race Gascogne et sur les coteaux du Courseau des vergers de pêchers dont les fruits sont expédiés. On apporte à la halle en moyenne 30000 Hl de blé chaque année. Une ferme école existe à Castelnau les Nauzes et sera encore en activité en 1895. L’hôpital St Prosper de Blanquotte reçoit des pauvres nécessiteux de Cazères et de St Julien .
Une gelée décime les vignes déjà atteintes par le phylloxéra. L’enseignement primaire se développe. Rue de la case une école avec quatre classes pour les garçons est construite avec le logement de l’instituteur et les élèves abandonneront les salles du deuxième étage de la mairie. Egalement une école de filles est créée et installée dans une maison louée à Tarascon, au bord de l’Hourride puis après elle ira en 1882 dans les bâtiments du Bourguet qui seront réparés et aménagés. Elle aura une directrice et une adjointe. L’école maternelle créée le 17 avril1882 sera aussi installée au Bourguet avec une directrice et sous directrice pour 90 élèves, dans des salles qui seront construites. Il est en outre prévu une salle d’asile ou garderie pour les enfants de moins de 6 ans, afin de soulager les parents qui travaillent. L’Hourride au faubourg Tarascon est couverte d’une voûte sur laquelle se tiendra le marché de la volaille.
On démolit des maisons pour continuer la rue Taillefer qui rejoindra la rue Testemole, la rue de Las Clotes, la rue de la base et le boulevard vers le pont. Mais la pente de la rue Taillefer est si raide que les attelages de chevaux et charrettes s’y renversent. La façade de l’église menace ruine. Mr Hector d’ESPOUY, architecte, prix de Rome et Cazérien, déclare que l’église est de style ogival du XIV° siècle, les deux étages de fenêtres du XVII° siècle, la flèche en spirale de 1830 et il y a lieu de lui restituer un caractère d’ensemble et aussi de supprimer la maison qui lui est adossée. Le devis s’élève à 30750 F. Les travaux sont entrepris par le Conseil de fabrique et seront terminés en 1888. c’est l’église actuelle. Le 23 novembre 1883 seront baptisées les grosses cloches et le carillon et des vitraux posés dont celui du martyre de Ste Quitterie. Pour distribuer l’eau dans les maisons un château d’eau de 100m3 est édifié Place St Jean. Un bassin est construit place du comté comme réserve d’eau en cas d’incendie et d’abreuvoir pour les moutons les jours de foire.
Les maisons se construisent le long de la route départementale vers la gare et cette route devient une rue de la commune.
La croix en fer ouvragé adossée à l’église est transportée dans le petit jardin sur l’emplacement de la maison Cazalot démolie.
A l’embouchure de l’Hourride un pont de maçonnerie remplace le pont de bois.
Les premières plaques sont apposées pour indiquer le nom des rues.
Le port se développe. Un bassin de natation est prévu aux roches du Campet et l’été les jeunes Cazériens s’y rendent.
Le conseil municipal décide la construction d’une usine municipale hydraulique pour la distribution de l’eau et la production d’électricité. Un canal d’amenée sera creusé avec une chute de 2m20. Une turbine de 20 cv pour l’eau et 70 cv pour l’électricité sont achetées. L’usine coûtera 180 000 F. Les travaux dureront deux ans et le 31 décembre 1897, la lumière électrique sera donnée dans les maisons. Les appareils électriques nécessiteront des réparations nombreuses et le canal se colmatera. Il faudra le draguer tout les étés pendant plus de trente ans. En 1911 le matériel de la station sera changé et sa puissance augmentée pour satisfaire aux besoins nouveaux.
Le conseil municipal choisit la Pentecôte pour la fête locale malgré l’inclémence du temps au lieu du 8 septembre. Et un octave aura lieu.
Un jet d’eau est installé au jardin public. On entreprend des fouilles au site de St Cizy.
La vie de CAZERES s’écoule paisiblement. Une bourgeoisie locale comprend les propriétaires des domaines agricoles de la plaine où peu à peu s’intègrent : le notaire, le pharmacien, le docteur, les industriels (fabriquants de tuiles, de chaises, de marbres, des teinturiers) les principaux commerçants et quelques fonctionnaires. Les commerçants vont en voiture, vendre dans les marchés voisins. Ils se réunissent chaque semaine dans leur café pour discuter de leurs affaires. Les familles se rendent visite pour passer la soirée, faire de la musique en prenant une infusion ou un petit verre de liqueur. Les soirs d’été les ouvriers restent assis devant leur porte à bavarder. L’argent est rare, il faut marchander et demander des délais, les achats importants se font à trois mois de crédit. D’ailleurs les agriculteurs ne paient qu’à la Toussaint. Beaucoup de Cazériens sont fiers de posséder leur propre vigne. La moisson et les vendanges sont les événements importants et les vendangeurs, vont de tradition, toujours chez les mêmes propriétaires; les ouvriers vont, à jour fixe, moudre dans les familles aisées.
Le marché aux dindons, oisons, petits canards, est installé sur les trottoirs de la rue Taillefer.
La halle au sol inégal est pleine d’ordures, les piliers sont disjoints, elle doit être démolie. La nouvelle sera bâtie sur le même emplacement d’après un projet dessiné par Mr Hector D’ESPOUY, architecte, professeur aux Beaux Arts de Paris. Elle sera de style moderne, rectangulaire, en fer ouvragé et acier sur piliers de fonte et socle en pierre de Laffite Toupière avec un sous sol pour ranger les bancs d’étalage. Aux deux extrémités dans deux niches de pierre sont placées deux statues, un semeur et une pomone, œuvre de Mr Frédéric Tourte, sculpteur et Cazérien. La halle coûtera 34 800 F et les statues 6000 F. Les premières automobiles circulent. Il y en a deux dans la commune et déjà le 12 juin on demande qu’elles ne marchent plus en ville à des allures désordonnées que la vitesse soit réglée par des plaques apposées. Un service de ramassage des gadoues est organisé avec un tombereau et un cheval. Chaque propriétaire fera un tas d’ordures devant sa porte et le tombelier passera tous les matins.
Pour couvrir les frais de la fête un droit de place est réclamé aux bazars, tirs, manèges, et autres baraques, installés sur le boulevard Lafayette pendant les deux jours de la fête nationale et locale. La municipalité achète le 28 octobre pour 28 050 F l’ancien couvent des capucins pour y transférer l’école des filles trop à l’étroit au Bourguet. Les Processions, une douzaine dans l’année ont lieu aux dates accoutumées. Les maisons sont décorées de draps fleuris et des pétales de fleurs sont jetés en jonchée dans les rues. Des reposoirs, où le prêtre sous le dais s’arrête pour prier, sont dressés dans chaque quartier. Les gitanes parcourent la commune. Aucun endroit, pour les caravanes ne peut leur être réservé sans provoquer les plaintes des voisins. Aussi le maire prend un arrêté pour déclarer le stationnement des nomades interdit.
Mr SERRES, grand prix de Rome pour la gravure, offre deux tableaux qui sont à la mairie. Celle-ci donne un banquet et une soirée dansante qui réunissent tous les lauréats artistiques.
Des bornes fontaines sont installées dans tous les quartiers. Le puits de captage et le filtre donne une eau qui est bonne et il n’est pas nécessaire de rechercher de l’eau de source déclare-t-on à l’analyse. La gymnastique est à la mode. Des fêtes d’ensemble des écoliers seront données chaque année. Des agrès et un trapèze sont installés à la salle du théâtre. Un stand de tir est organisé à la prairie de l’usine électrique puis sur la route de Gensac. Au théâtre, les jeunes jouent des revues locales, chantées et dansées et aussi des saynètes.
Les acacias qui avaient été plantés sur toutes les places de la commune sont remplacés sur le boulevard par des platanes. Ceux-ci disparaîtront en 1972.
L’école des filles reçoit des pensionnaires et l’on organise un dortoir, une cuisine, et un réfectoire.
Cinq bouchers et quatre charcutiers tiennent boutique et débitent dans l’année 230 bœufs, 430 veaux, 400 moutons, et 600 à 700 porcs.
Palaminy reçoit la lumière électrique de l’usine de Cazères.
Un champ d’essai et d’expérience d’arboriculture est crée aux Portaous pour étudier les pêchers et les poiriers, surtout pour sauver les pêches du courseau qui meurent.
A la gare, le trafic est de 90 000 voyageurs par an. Les après midi de foire, la gare aux marchandises est encombrée jusqu’à 8 ou 9 heures du soir pour l’embarquement des bœufs et des vaches. Dans le bruit, la bousculade, la nuit tombante les disputes éclatent entre les vendeurs et les acheteurs. Aucune amélioration n’interviendra avant le 2 août, c’est la mobilisation. Par précaution la municipalité fait provision de farine et de blé. Un hôpital temporaire n° 9 Bis est installé aux Capucins. Un seul militaire décèdera.
La commune achète un terrain de 1 ha et un pré voisin qui deviendra un parc de sports et en cas de désaffection sera divisé en jardins. En 1927 une tribune en ciment est construite.
Le monument aux morts, en marbre blanc de St Béat, conçu par Mr D’ESPOUY garde la statue en bronze, œuvre de Mr TOURTE. Il a été dressé sur la place de l’hôtel de ville.
La butte de la Montjoie est en grande partie démolie pour combler la berge marécageuse de la Garonne.
Ici s’arrêtent les notes sur Cazères, petite ville tranquille au bord de l’eau, à l’écart de la route nationale, qui cultive depuis l’origine un peu plus de 1000 ha de terres, élève du bétail sur 350 ha de prairies qui avait 250 ha de vignes et n’en a plus que 160 ha.
La commune a de beaux magasins, bien approvisionnés dont une partie des commerçants vont vendre sur les marchés de la région.
Les 40 maisons de Villebarrade sont devenus 400 en 1760, 680 en 1900, 800 en 1935, 1200 actuellement.
La population, peut être de 200 habitants au IX° siècle, de 1600 en 1760, de 1800 en 1792, de 2546 en 1831, de 2633 en 1865, de 2700 en 1888, atteint maintenant 3400.
Les 27 bâtiments industriels de la fin du siècle dernier sont tombés à 16 vers les années 1955-1960, remontés à 24 de nos jours avec des entreprises importantes dans les domaines suivant : confection, travaux du bâtiment, ferronnerie, menuiserie …